Freaks of the Heartland


Meilleure Vente n° 1 Freaks of the Heartland

Concentré d'émotions brutes et de suspens savamment distillé, ce récit unique en son genre, publié en quatre parties  en 1995 par l'éditeur Dark Horse Comics (en 2007 en France par Semic), est à la croisée des chemins entre une nouvelle d'horreur, Tom Sawyer et l'attrape cœur de Salinger. L'histoire prend tranquillement place au cœur de l'Amérique rurale du début du siècle dernier où les habitants d'une région reculée sont en proie avec un secret qu'ils ont décidé d'enterrer soigneusement en leur sein, dans une ambiance de silence coupable et de rancœur non assumée.  La violence des émotions qu'elle charrie attriste et révolte. Et c'est de l'étincelle d'un grand frère qui ne peut se résoudre à abandonner son frangin, que l'inertie qui existait au sein de cette communauté, va céder sa place à l'action, fil conducteur de la narration contenu au sein des épisodes.

Le scénario et les dialogues de Steve Niles (30 jours de nuit) sont fins et brillants, jamais trop ou trop peu, toujours justes (et nous savons tous qu'avec des dialogues menés pour majorité par des enfants, on peut facilement taper à coté). Les illustrations de Greg Ruth sont tout bonnement splendides, parfaitement adaptées à l'histoire. A la fois précises dans leurs compositions et par d'autres moments plutôt subjectives, lors de certaines scènes violentes où on ne suggère que le mouvement et son résultat. Elles me font parfois penser à des toiles oniriques empruntant autant à des cauchemars qu'à l'esthétisme de la petite maison dans la prairie. Personnellement je trouve cela absolument magnifique et terrifiant.

Si l'ensemble ne joue finalement pas dans la cour des incontournables, c'est en raison de son rythme. Les premiers chapitres sont au diapason de cette ambiance glauque, calmes et progressant suffisamment pour être puissamment captivés. Mais au détour du troisième épisode tout s’accélère, et au final reste la sensation que tout n'a pas été maitrisé sur ce point jusqu'au bout. On aurait aimé que l'action progresse encore plus lentement, pour durer une bonne douzaine d'épisodes. Mais ne boudons pas notre plaisir, Freaks of the Heartland reste une expérience rafraichissante et terrifiante d'émotions ambivalentes que j'adore relire ces dimanches après-midi gris et figés, et qui me rappelle pourquoi la campagne à perte de vue m'angoisse au plus haut point.

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