Lady Mechanika


Dans un monde fait de magie et de science, une femme enquête sur son passé... Elle est l'unique survivante d'une terrible expérience qui l'a laissée avec deux bras mécaniques. N'ayant aucun souvenir de sa captivité ou de son existence passée, elle s'est construit une nouvelle vie d'aventurière et de détective privée. Elle use de ses capacités uniques pour agir là où les autorités en sont incapables. Mais la quête de son passé perdu ne s'arrête jamais. Les journaux l'ont appelée : Lady Mechanika ! Chroniques d'une jeune héroïne forte mais tourmentée. Une véritable quête d'identité dans une Angleterre victorienne revisitée et très steampunk, où la magie et la superstition se confrontent aux découvertes scientifiques.

J'aurais vraiment réellement voulu aimé Lady Mechanika... J'ai une tendresse particulière qui date d'il y a une quinzaine d'années pour son auteur. Joe Benitez, que j'avais découvert en pleine période Image avec son bébé Weapon Zéro, n'était pas tout à fait un auteur comme les autres fondateurs d'Image, Silvestri, Lee ou autre Mc Farlane. Ces histoires avaient un gout différent : celui de l’humilité et de la simplicité. Sans être complètement ahurissant de nouveauté, son Weapon Zéro me faisait lire ce bimestriel avant les autres, un petit goût de je vais me perdre en route aux lèvres, avec cette sensation également que jamais je ne verrais la fin de cette série (ce qui s'est révélé vrai) mais avec une fraîcheur qui dénotait parmi les productions de l'époque qui m'avait toujours laissé cette impression de lui : Joe Benitez était bon, suffisamment pour que je relise ses productions à venir avec plaisir. En un mot j'étais plutôt conquis. Et puis il y a eu une sacré traversée du désert pour le mexicain d'origine, à tel point que je l'avais totalement perdu de vue... (une quinzaine de numéro recensé sur Wikipédia depuis weapon zéro, en quinze ans, c'est plus que peu) avant ce retour en fanfare, avec un personnage créé par ses soins qui fera le bonheur des cosplayeuses (et des gens qui aiment regarder les cosplayeuses) pendant une vingtaine d'années au moins...

Mais, et le contenu du comics ?

L'ennemi à forte poitrine.

Oui, car il est bien là le souci. Si notre site s’appelait Top Ten Cosplay, j'aurai mis une note fabuleuse. Lady Mechanika ressemble plutôt à un joli petit portfolio exprimant le talent certain de Joe benitez pour le design des personnages, et un goût affirmé pour la dentelle, mais en ce qui concerne la narration, les dialogues, l'intrigue générale... C'est une catastrophe. Sur le background tout d'abord : Un monde steampunk ? OK je veux bien, mais j'ai plus l'impression d’être dans un bouillon mal mélangé que dans du steampunk... Les décors rendent un peu claustro tellement ils sont sombres et ne permettent pas d'immersion particulière, à certains moments je ne savais même plus où j'étais, On côtoie un peu tout et n'importe quoi, des cyborgs (femmes toujours c'est plus sexy), des robots serviteurs plus évolués que l'on ne s'attendait à voir vu l'intrigue, des inventions mal dégrossies comme un vélo volant à vapeur pour nos héros et l'héliporteur du Shield pour les méchants. Ouch. Bon allez, je concède que je suis dur, mais c'est pas bien brillant. Mais le pire est à venir : les dialogues sont affligeants et profondément chiants. La narration visuelle est d'un ennui éternel : le plus souvent je me tape des pages de dialogues insipides et stériles en voyant des bouts de personnages figés en gros plans... Mais c'est sur la qualité intrinsèque des dialogues qu'il y a de quoi s'arracher les cheveux... Ça tourne en rond, ça se touche la quéquette, ça se regarde le nombril, ça n'aboutit à rien, si je voulais être irrespectueux je dirais que c'est digne d’être destiné à des gamins de douze ans, mais je respecte les gamins de douze ans, donc je m'abstiendrais.

Witchblade, le retour ?

Pour l'intrigue générale, sans être absolument mauvaise, c'est du basique de chez basique... Elle ne sait pas d'où elle vient, ni pourquoi elle a des bras mécaniques (techniquement on ne sait rien de plus ne cherchez pas), ne se rappelle plus de rien, et enquête sur des phénomènes l'aidant à reconstituer le puzzle (quand je dis enquête, il faut en réalité comprendre : arrive en splash page comme la reine des poseuses dans des situations où un ou plusieurs ennemis lui font face, échange oralement pendant un paquet (trop) de pages, et pour finir, se castagne avec lesdits ennemis). Voilà, rideau. Il m'est arrivé de m'amuser beaucoup plus en passant mon après-midi à décoller du papier peint.

Alors bien sûr il y a la beauté plastique des personnages, qui m'ont toutes l'air de présenter une collection automne/hiver de chez Tom Ford en version Ligue des gentlemans extraordinaires. Et puis ces magnifiques couvertures, soignées comme jamais chez Joe Benitez, inspirées des camay du 18e siècle, et puis cette tendresse que j'ai pour lui. Alors quoi ? On ferme les yeux ? Non, car comme le martèle Rorschach, il ne faut "jamais faire de compromis".