Men of Wrath


Aussi loin que l'on s'en souvienne, la lignée des Rath fut entachée par le meurtre. Ira semble pourtant s'être accommodé de la malédiction familiale en l'érigeant en véritable philosophie de vie. Tueur à gages, Ira Rath est impitoyable. Femmes, enfants ou vieillards, personne ne trouve grâce à ses yeux... pas même les membres de sa propre famille. Rien ne semble pouvoir arrêter le professionnalisme de cette machine à tuer. Rien, si ce n'est peut-être un cancer récemment déclaré.

Meilleure Vente n° 1 Men of Wrath
Meilleure Vente n° 3 Men of Wrath - Tome 0
Meilleure Vente n° 4 Men of Wrath

Dans Men of Wrath tout est âpre et violent : Des dessins de Ron Garney (Hulk, Silver Surfer, Daredevil) anguleux et encrés à la rude, au scénario coup de poing dans le bide de Jason Aaron (Scalped, Logan en enfer, Southern Bastards), en passant par les personnages acérés aux dialogues francs et direct, comme dans un film de Clint Eastwood des années 70 avec cette touche de crachat à la figure, si particulière à Quentin Tarantino, mais sans sa patte esthétique. Dès la chute du premier épisode, on a toutes les clés de l'histoire entre les mains : Ira Rath est un vrai fils de la plage, et lui qui ne refuse par conviction aucun contrat, se retrouve avec son propre fils dans le rôle de la cible. Que va t'il se passer? Pour y répondre, le brave Jason Aaron n'a que quatre épisodes : Men of Wrath est en effet un one-shot (mot galvaudé par nos magnifiques managers de par toute la France) en cinq parties qui  forment en conséquence, un récit complet. Le petit supplément d’âme (cher à nos amis commentateurs sportifs) est d'avoir rajouté à ce récit une dimension personnelle : La malédiction des Rath se répercute en effet de génération en génération, de père en fils, depuis que l’ancêtre le plus éloigné de la lignée a poignardé un voisin pour une querelle au sujet d'un mouton. Ce geste a semble t'il contribué à faire d'eux des irrécupérables bêtes sanguinaires (et également des fieffés connards) condamnés à perpétrer meurtres et violences de par leurs existences. Si je parle de dimension personnelle dans cette histoire, c'est bien parce que parmi les éléments de ce scénario on retrouve un sombre petit bout de l'histoire familiale de Jason Aaron : Son arrière arrière grand-père a bel et bien poignardé un homme à mort au sujet d'un mouton devant les yeux de son fils.

Des couvertures soignées.

Men of Wrath ne m'a pas laissé une impression énorme. Si le talent d'Aaron n'est pas mis en cause (les épisodes sont bien écrits, sérieusement et soigneusement contés), en le comparant à d'autres travaux récents, on n'atteint pas le même niveau de plaisir (bien en deçà de Scalped par exemple). J'ai trouvé l'ensemble moins exceptionnel que ne laissait espérer le supposé lien avec l'histoire des Aaron. Mais au delà de cela, c'est le charisme des protagonistes et antagonistes du récit qui m'a paru moins convaincant. Mais en cinq épisodes peut-on y arriver?

D'autre part, les illustrations de ce comics de Garney que j'ai toujours apprécié par le passé  me paraissent moyennement fonctionner ici (dans des contextes plus super-héroïques, est-ce l'explication de mon malaise ?). Pourquoi? je ne saurai dire précisément, à moins que se ne soit ce rapport étrange entre l'encrage grossier (choix de l'artiste) et les couleurs numériques, mais j'ai comme l'impression qu'il y a une couille dans le potage comme dirait si finement feu ma grand mère. Le reste c'est de l’impalpable, on aime ou on aime pas. Je le reprendrai en main d'ici quelques temps pour me faire un avis définitif, ne vous privez de me donner le votre, argumenté, en attendant. D'ici là, je vais me refaire l'intégrale de Scalped. Et oui, car Men of Wrath aura au moins cet effet sur moi que de me redonner l'envie de reparcourir la meilleure production de Jason Aaron à ce jour : les aventures de Dashiell "Dash" Bad Horse. Salutations.