On décrypte le film Titanic de A à Z

Quand le Cœur de Noir Désir fait Boum

Elle est là. Au fond de l’océan. Cela fait déjà quatre-vingt cinq ans qu’elle git à plus de 3800 mètres de profondeur. Elle n’est plus très neuve la coque, elle a même bien jauni Joplin avec toutes ces coquilles éparpillées au gré des courants d’air. Les pistes ont été longtemps brouillées et il aura alors fallu tout remettre à plat pour trouver cette poche au large de Terre-Neuve. Ce fut dur mais la voilà. C’est une épave et les membres de l’expédition l’appellent familièrement Jean d’Ormesson. Mais il s’agit bien évidemment du Titanic !

Brock Lovett, alias Bertrand Cantat dans la version française, est aux manettes de cette opération. La boucle d’oreille façon Corto Maltese, il fait à la fois la pluie et le mauvais temps à bord. Il faut dire qu’il pète facilement un boulon. S’il s’écoutait, ce serait distribution de tartes permanentes. La veille, il a encore hurlé au petit-déjeuner en trépignant, « Marie, c’est le toast à qui ? Tu me le changes de suite ou sinon je te fais bouffer le sombrero à ta mère. J’aime que la cuisine au beurre noir, c’est quand même pas compliqué bordel ».

Le fond de l’affaire, c’est que l’épave, ils s’en cognent. No offense Jeannot, mais leur quête Moss n’est pas maigre. Il s’agit de retrouver un collier, « Le Cœur de la Mer » ornementé Muti (mère en allemand pour nos amis germanophones) d’un diamant de cinquante-six carats. Cela ne vous parle probablement pas, mais sachez simplement qu’en offrant une bague de seulement un carat à votre future, pouvoir regarder la Ligue des Champions le mardi ET le mercredi ne devrait plus vous poser de problème. Alors avec cinquante-six, à vous la seconde division mexicaine !

Alors quand ils découvrent un coffre fort société, c’est champagne et cotillons. La déception est alors à la hauteur de l’enjeu quand ils n’exhument que de vieux papiers. Nos amis océanographes, Steffi notamment, sont anéantis, ce qui a le don d’agacer André, le spécialiste des chaussures à bord. Cantat débarque et lui colle un coup de raquette sur la tête. Il ne supporte pas les revers. Il va falloir replonger et ce n’était pas vraiment dans les plans de notre ami Bertrand qui se voyait déjà retraité.

Mais tout n’est pas perdu. On a retrouvé parmi les papiers un dessin daté du jour du naufrage qui représente une femme nue simplement vêtue du fameux collier. L’information circule vite et arrive aux oreilles d’une très vieille dame qui ressemble à s’y méprendre à la fille de Jean d’Ormesson, Denise. Hasard ou coïncidence ? Une fois le doute levé sur l’identité de notre centenaire un temps confondu avec Denise Fabre pourtant bien plus âgée, il est entendu que Madame Grey débarquera avec sa petite fille, Sophie Marceau. Cantat a prévenu, si c’est une blague, il prendra la vieille pour taper sur la jeune. Ou l’inverse.

Les deux femmes prennent pied sur l’embarcation. Denise fait les présentations : « Appelez-moi Rose, et voici Vic ». Bertrand, poète maudit à ses heures, se frotte le nez et déclare la main sur le pectoral : « Vic, c’est d’origine Viking non ? ». « Monsieur Cantat, répond Rose, je retrouve bien en vous le spécialiste des pays baltes. Rappelez-moi, Vilnius, c’est bien en Lituanie ? ». Cantat repart dans son coin en ruminant : « Ca m’a l’air d’une sacrée vedette, la mère Denis ».

Qui joue le rôle de Jean d’Ormesson dans la version française ? Pourquoi OJ Simpson a-t-il souhaité interpréter celui de Cantat dans la version internationale ? Denise Grey réussira-t-elle à tenir le coup jusqu’à la fin du film ? Vous le saurez en lisant la suite des aventures de Titanic.

 

Léo hurle au vent

« Je vais peut-être vous choquer, mais à la différence de votre ami Jean d’Ormesson, le Titanic n’a pas toujours été vieux ou mourant. Il était même surnommé Le Vaisseau des Rêves. » Rose fait remonter à la surface de nombreux détails qu’elle croyait à jamais rouillés Daphné. Cantat surgit essoufflé de la cabine : « On a parlé de dérouillé ? ». Rose soupire : « Calmez vous donc Bertrand, j’essaie de mettre le grappin sur cette lettre et ce n’est pas toujours aisé. » Cantat réagit au quart de tour : « J’ai mieux, huit lettres, parpaing. Vous avez dit grappin, ça fait que sept ».

« Ma vie n’a pas toujours été rose. Je rêvais de Picasso, on me parlait voiture, j’évoquais Monet, on me répondait dollar, Degas, on m’envoyait un plombier, Chagall,... » « Rugby !» interrompu Cantat. Merci Bernard, je vois que vous réussissez à suivre. Comme vous, mon futur mari ne comprenait rien au talent ». Cantat proteste: « C’est pourtant pas bien compliqué, c’est pas en le faisant jouer en seconde ligne qu’il aura un talent d’or. Mais sinon, vous avez vraiment joué pour le quinze de la Rose ? ».

Il sent bon le bac à sable
Le méchant fiancé qui n’est pas capable de faire la différence entre Lamartine royaliste et la Martine socialiste, c’est Caledon Hockley. Il est riche. Ses succès dans le textile (les caleçons) lui ont notamment permis d’acheter une équipe de Hockey. Et comme tout bon méchant qui se respecte, il est affublé (il lui raconte des fables le soir avant de s’endormir) d’un valet qui ne se contente pas de tirer les cartes. C’est l’œil de Moscou, mais il doit sa formation à une autre école, aussi redoutable. En effet, son nom est Klaus, et il est larbin.

Avec un couple de méchants aussi pourris, il nous fallait trouver en urgence l’incarnation du Messie. C’est Léo qui s’y colle. Il est beau, il est jeune et il sent bon le bac à sable. Il vient de gagner au Poker son aller simple pour l’Amérique avec son ami Joe Dassin. Pour les experts, il a abattu JFK (Jérôme Fucking Kerviel à savoir un Jack associé à un p… de King). A peine à bord du bateau, il fonce en tête et se met à hurler : « Je suis le roi du monde ». La réponse de l’écho outre-Atlantique incarné par Bill Gates est cinglante : « Et moi connard, je suis qui ? »

Camping

Le Titanic avait quitté l’estuaire de la Pauline à Southampton. Direction New York via Cherbourg et l’Irlande. Le port vous salue bien Marie, pleine de grâce, et vous souhaite un bon voyage. Vingt-quatre voyageurs, probablement inspirés divinement ou en reconnaissance avancée des plages de Normandie, débarquèrent à Cherbourg. Après la catastrophe, l’un d’entre eux déclarera en arborant fièrement son T-Shirt « J’aime le Cotentin » : « Quand je pense que tout le monde s’était foutu de moi parce que la Manche est soi-disant froide. Je me marre. »

A bord, les passagers de première classe ont pris leurs aises : Caledon compte son pèze, Rose se fait des anglaises, alors que sa mère guaise (elle est contente). La cigarette à la bouche, Rose provoque la vieille saucisse : « Baron, avec votre style qui vous est propre, vous demanderiez bien du feu à la vieille bique ? ». La chipolata, perspicace, intervient : « Quoi, le Baron Bic veut vendre des stylos et des briquets ? ». Rose est affligée : «Votre conversation est rasoir. Je sors de table. » L’andouille, aux frontières de la fulgurance, demande : « Et des rasoirs ! Le tout jetable, quelle drôle d’idée ! »

Au même moment, Léo dessine alors que son ami Francis s’essaie aux rimes. C’est que le début d’accord, d’accord, mais depuis que le bateau a levé l’ancre, ils n’ont mangé que des œufs, encore et encore. Et tout à coup, Léo croise le regard de Rose sur le pont supérieur et l’effet est immédiat : « A c’est fort (Lot-et-Garonne), je l’aime à mourir ». Mais la distance qui les sépare se calcule en monnaie sonnante, pas en sonnets. De son côté, Francis, il se verrait bien donner un coup de sarbacane à la petite Marie dans la cabane du pêcheur.Rose est à bout de tant de médiocrité. Elle ne supporte pas le choix de Jean-Pierre Papin comme icône des rasoirs Bic et veut se jeter par dessus bord. Mais comme le hasard des rencontres fait souvent le bonheur des dames (Zola), le héros Léo est là-haut pour mettre le holà à la mise à l’eau : «Comme vous semblez vouloir faire de la natation synchronisée, n’hésitez point à enlever votre fourrure d’hermine Murielle. Mais sachez que nous formerions alors un duo. » Il est comme ça Léo, il ne craint pas le pince-nez ou les rétropédalages, appelés également coming-out inversés dans un jargon plus technique.

Sous le charme du Léo sponsorisé par Speedo, elle retrouve goût à la vie. Son émotion est tellement forte qu’elle s’emmêle les compas et manque de voler outre bastingage. Mais le plus dingue, c’est que Léo est à deux doigts de passer pour un baltringue. Rose l’innocente mais Klaus le larbin ne croit pas à cette version et le dévisage : « Man, tu as la raie qui dépasse de ton maillot ». Léo, gêné, lui répond : « Et alors, tu veux ma photo ? »